Dune vs Perry

[align=justify]Qu'elle était belle, cette lune.

Sylace, seul devant la vaste baie vitrée de la salle d'observation, observait le satellite dont la lumière cuivrée emplissait l'espace autour du vaisseau.
Combien de centaines de millions d'années avait cette lune ? Quelle route infinie avait-elle parcouru dans l'espace, protégeant fidèlement la planète de ses orbites imperturbables ?

Et pourtant, déjà, sa lumière pâlissait, lentement effacée par l'ombre des étoiles de la mort qui prenaient position.
Dans moins d'une heure, sa longue course prendrait fin.

Cette pensée donna un instant le vertige à Sylace. Détruire des astres ... quelle puissance ils avaient maintenant.

Cette lune, c'était celle de Perry Rhodan, l'un des principaux conseillers de la Fédération. Il était l'héritier d'un empire commercial titanesque, unique raison de sa position avantageuse au sein du Conseil. Gras, narcissique, obséquieux, c'était un piètre stratège dont le pouvoir reposait uniquement sur sa fortune, et sur les alliances qu'elle lui avait permis d'acheter.

Pour autant, c'était un adversaire à prendre au sérieux : il possédait la deuxième flotte la plus importante de toute la fédération, et de solides relations dans tout l'univers.

Mais il avait commis l'erreur de s’intéresser d'un peu trop près à Dune.

Et aujourd'hui, il était venu le temps pour les Vagabonds de commencer à faire trembler la Fédération.

Sylace quitta la baie d'observation, et traversa le vaisseau jusqu'à la salle des commandes.
Là, Mad et Alibaba faisaient les cent pas autour d'une table surchargée de notes.

"Pas de nouvelles d'Exos ?' interrogea Sylace.
- Non, toujours pas ... répondit Alibaba, l'air légèrement agacé."

La tension était palpable dans la salle, tandis que les écrans égrainaient impitoyablement les secondes du compte à rebours.

"Il devrait déjà être là ... bon. Le seigneur Chacal est prêt et attend notre signal. Vortex est à bord de l'EDLM principale, et contrôle les opérations de moonbreak. Nous avons scanné tout le secteur. Pour le moment, personne ne semble nous avoir repérés. Comme prévu, Perry est actuellement à l'autre bout de la Galaxie, occupé à présider une soirée mondaine. C'est un de ses lieutenants les moins expérimentés qui est en charge de la sécurité ici. Lorsque les brouilleurs de la lune se seront volatilisés avec elle, si nos espions nous ont bien informés ... toute sa flotte sera à notre merci. C'est une occasion unique qui ne se présentera qu'une seule fois. Aujourd'hui, nous sortons de l'ombre."

Tithieu, assis au fond de la salle, poussa une exclamation d'approbation. Le nain aimait assister aux batailles, qu'il relatait ensuite dans ses chroniques avec une exactitude discutable.

Enfin, on frappa à la porte et Depth entra, accompagné du seigneur Exos. Avec un grand sourire, celui-ci salua le groupe et prit place à la table.
"Pardonnez mon retard, dit-il avec un regard amusé vers Alibaba, dont le visage trahissait une pointe d'exaspération.
Tout est prêt de notre côté."

À l’extérieur, la lune disparaissait maintenant dans l'ombre gigantesque des 18 étoiles de la mort de Vortex.

Le rugissement des tirs de graviton déchira l'espace.

Stellar, la lune de cuivre, venait de mourir.[/align]

[align=center][media]https://www.youtube.com/watch?v=nZvehG_Lgls[/media][/align]

[Légende : ]
Tithieu
Mad
Sylace
V0rtex
Alibaba
Askeun
Depthined
[/Légende]


5h, quartier général de Dune, chambre de Tithieu, au fond du couloir à gauche, puis à droite, à droite et encore à gauche. Le nain turquoise ronfle bruyamment, occupé à [s]cuver[/s] se reposer.

BLAM

La porte vient de faire une telle envolée qu'elle en reste calée dans le mur en face pendant une demi-seconde, avant de retomber sur le dernier tonneau de calva vidé par l'occupant de la pièce.

- Hein ? Quoi ? C'est quoi ce bordel ? Mad a fait péter une fusée ?
- Pfff ! N'importe quoi, le nain ! Mes fusée vont servir à péter autre chose, tu peux me croire !
- En vérité, je te le dis, Tithieu, c'est l'heure !
- L'heure de quoi ? Tes rêves t'ont réveillé, cette fois ?
- Mais, vieil imbécile, non, c'est l'heure d'accomplir la prophétie ! On va faire trembler l'univers, on va casser celui qui est réputé le meilleur !

Derrière la silhouette du Guide, Tithieu put apercevoir le kilt de Vortex, tout tremblant.

- Allez, vite, on va finir par être en retard pour faire partir les étoiles de la mort !
- Grmbl...

Dans la taverne, Ali enchainait les verres. Il salua la petite troupe avec son sourire habituel avant une grande bataille.

- Salut ! Ah, le nain vient, finalement ? Cool, on aura un peu de lecture !
- Grmbl, me faut un café avec mon calva !
- Oh, mal réveillé ? Allez, t'inquiète, tu vas avoir le temps, on a bien 6h de voyage !
- Et moi, je peux venir, hein ? Sivôpléééééé ?
- Askeun, non, toi, tu fais la taupe : tu creuses !
- ... Soit, mais j'ai SOIF ! J'en peux plus, d'installer toutes ces canalisations pour l'eau, la bière, le calva...
- Réjouis-toi, quand tu auras fini de raccorder l'eau au bar, tu pourras te servir un pastis !
- Rhô pétard, mais j'y avais pas pensé ! Je m'y remeeeeeeets !
- Mad, t'es décidément doué pour mettre les autres au boulot...

Vortex partit rejoindre sa flotte d'étoiles de la mort, et le reste monta avec Sylace dans son destructeur de fonction, réaménagé spécialement : plein de lit avec des écritoires à côté, pour pouvoir coucher sous papier le moindre rêve, et une coiffeuse dans chaque pièce, ce qui interpela Tithieu.


- Bah... Avec ce que tu as sur le caillou, tu as besoin de ça !?

La main de Sylace siffla au-dessus de la tête du nain... Trop haut. Mais cela lui rappela qu'il ne fallait jamais parler du manque de pilosité capillaire de Sylace...


Le voyage fut long, interminable... Et l'attente une fois sur place encore pire.


- Pffff... Mais on attend quoi ?
- Que tout le monde soit là. Chacal est déjà là.

L'intéressé fit un petit signe de menton sous sa capuche en forme de tête de... vous avez pas deviné ? De chat !

- Il nous manque encore Exos. Depth est parti le chercher.

Et par la baie vitrée, on pouvait voir d'autres flottes, et pas des moindres, arriver pour former un groupe à faire trembler l'univers...

C'est alors que la porte s'ouvrit, et on vit la tête de Depth passer, jeter un coup d'oeil prudent, et puis arriver en fanfare.

- SALUT LES NAZES ! Alors, la forme ? On va péter du lourd !
- Fais pas le fanfaron, j'ai bien remarqué que tu t'es assuré que Merry n'était pas là ! Et pis toi, tu vas faire comme moi : prendre du pop-corn et regarder !
- Hum... Bon... N'empêche que c'est pas tous les jours qu'on peut voir un tel spectacle...

Le rugissement des tirs de graviton déchira l'espace.

Stellar, la lune de cuivre, venait de mourir.

- Rip rip rip, Hourraaaaaaa !

Le cri de Sylace résonnait encore quand la petite voix du nain turquoise se fit entendre.

- Au fait, Sylace, je sais pas comment tu avais lu les rapports de classement... C'était que le deuxième, lui...
- Ah meeeeeerde ! Va falloir se faire le premier, alors !
- Tu peux toujours rêver !
- J'y compte bien ! Une nouvelle prophétie va naître !

[align=justify]Arrakis. Lumineuse et somptueuse Arrakis. Nombreux ont été les hommes avides aux pouvoirs incertains qui se sont crus capables de fouler l’aridité inhospitalière de ses canyons et de ses dunes. Aucun n’est revenu indemne de cette quête insensée. Aucun n’a su asservir son peuple, à jamais libre et invaincu. Et pourtant, les hommes qui s’y sont risqués sont légions, soit avidité perverse de leur part, soit entêtement irrationnel et capricieux.[/align]

[align=justify][/align]

[align=justify]Arrakis est de ces planètes sauvages sur lesquels l’homme moderne a le pied lâche et la bourse inutile. Les armes bâties pour le monde civilisé s’enrayent, le pied sûr ignore la traitrise du sable et se dérobe. L’assurance, toujours, se brise sur le faîte des dunes. Voici une leçon que tout Roi devrait apprendre.[/align]

[align=justify][/align]

[align=justify]L’Empereur-Dieu Perry, autoproclamé de son état, l’apprit à ses dépends. Pourtant mis en garde par l’une des quatre Soeurs Bene Gesserit à son service, il ignora l’avertissement et comme d’autres avant lui, se crut chez lui en plein désert. Son armada s’installa sans méfiance en conquérante intouchable. Les Freemen sont un peuple fier. Une telle assurance les mit en émoi. L’esprit guerrier qui était le leur y vit un affront.[/align]

[align=justify][/align]

[align=justify]Le soir de l’arrivée de l’Empereur-Dieu sur Arrakis, la tempête se leva à l’Ouest. C’était de ces tempêtes que les Freemen appellent une arrière-grand-mère et qui vous ravage une ville en quelques secondes. Nul homme n’y survit et depuis leurs premiers pas, les enfants freemen l’apprennent, lorsque le vent des grandes aïeules souffle, se cacher est la seule alternative. L’armada impériale l’ignorait. Elle ignorait aussi tout de la toute-puissance de Dune, la planète des sables. Sous les monticules de sable, attirés par la chaleur des machines pompeuses d’épices, par le crissement du sable dérangé par les moteurs des trop lourds et trop puissants destroyers, les vers se réunissaient.[/align]

[align=justify][/align]

[align=justify]Balayées par le vent, les dunes se déchiraient en lambeaux de sable sifflants qui vinrent gifler les carlingues, les moteurs, les mats de transmission. Ils coupèrent l’armada du reste de l’univers, ruinèrent toute tentative de communication, s’infiltrèrent partout avant même l’arrivée des vers. Les malheureux qui voulurent quitter l’abri des coques d’acier périrent emportés par le souffle de l’aïeule. Cette nuit-là, ni la fortune, ni la puissance de feu de l’Empereur-Dieu ne purent rien contre la puissance des éléments qui contrôlaient Arrakis.[/align]

[align=justify][/align]

[align=justify]Lorsque l’aube déjà brûlante se leva, il ne restait que des ruines et de la tôle tordue sur le passage de l’arrière-grand-mère et des vers. Une femme, dont le distille ajusté à la perfection et les yeux bleu trahissaient les origines, quitta le refuge où l’Empereur-Dieu avait trouvé refuge et s’enfonça dans le désert avec la confiance de ceux qui y étaient nés. Son pied glissait avec assurance, un pas après l’autre, suivant le mouvement naturel du sable que le vent déplace. Contre sa paume, le Gom Jabbar reposait, inutilisé. Parfois, l’arrogance est un mal bien plus vindicatif que la morsure de l’aiguille des Bene Gesserit.[/align]